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La France rallie la Pologne pour tenter de constituer une minorité de blocage à l’accord UE-Mercosur

Une véritable course de vitesse s’est engagée entre, d’une part, la Commission européenne, qui, sous haute pression de Berlin, espère signer, d’ici à la fin de l’année, un traité de libre-échange avec les pays du Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay), et, de l’autre, la France, qui est sur tous les fronts pour organiser la résistance. Ce n’est pas la première fois qu’un accord semble à portée de main. Mais Paris se sait fragilisé sur la scène communautaire depuis la dissolution ratée de l’Assemblée nationale et redoute, plus que jamais, d’être sacrifié sur l’autel des intérêts allemands.
Depuis quelques jours, les équipes de la Commission sont au Brésil pour y poursuivre les discussions avec leurs interlocuteurs sud-américains, en espérant que l’affaire pourrait enfin être conclue, en grande pompe, au sommet du Mercosur, prévu à Montevideo, la capitale uruguayenne, du 6 au 8 décembre.
Paris, pour sa part, faisait une démonstration de force à l’Assemblée nationale, mardi 26 novembre. Les députés ont, en effet, massivement voté contre la perspective de ce traité commercial, que l’exécutif communautaire négocie, au nom des Vingt-Sept, depuis plus de vingt-cinq ans. Le message adressé à Bruxelles est clair : si l’Union européenne (UE) devait signer avec le Mercosur, elle prendrait le risque d’alimenter les populismes en tout genre dans l’Hexagone et de donner de nouveaux arguments à Marine Le Pen.
En ces temps de grande instabilité gouvernementale, avec le Rassemblement national en embuscade, Emmanuel Macron veut à tout prix éviter un tel scénario. Le chef de l’Etat martèle qu’« en l’état » le texte est « inacceptable » et qu’il faut y intégrer l’obligation de respecter l’accord de Paris sur le climat, des interdictions en matière de déforestation et des clauses miroirs. « Ce type d’accord nourrit le vote eurosceptique partout, pas qu’en France », abonde Benjamin Haddad, le ministre délégué aux affaires européennes.
Jusqu’ici, l’argument n’a pas suffi à infléchir la volonté d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission. Les négociations sur l’accord avec le Mercosur sont « dans la dernière ligne droite », même si « le diable est dans les détails », disait-elle encore, le 17 novembre.
D’ordinaire, les accords de libre-échange doivent être adoptés par les Vingt-Sept à l’unanimité avant d’être ratifiés par tous les Parlements nationaux au sein de l’Union. Un parcours du combattant qu’aucun traité commercial n’a plus la moindre chance de réussir dans une Europe où le libre-échange a de moins en moins la cote. Dans ce contexte, la Commission privilégie une autre base juridique qui lui permettrait de faire valider un éventuel accord Mercosur par une majorité qualifiée des Etats membres et un vote au Parlement européen.
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